- POITIERS
- POITIERSPOITIERSLe cœur de l’agglomération de Poitiers occupe la partie convexe d’un méandre du Clain, recoupé en éperon par un petit affluent, la Boivre. Ce promontoire était naturellement protégé sur trois côtés par les marais et par les retenues d’eau faites dans les deux vallées, qui sont encaissées d’une quarantaine de mètres dans les durs calcaires jurassiques. L’isthme qui le rattache au plateau fut coupé par une tranchée et l’ensemble fermé par des fortifications (XIIe-XIVe s.). La ville ne sortit guère de ces limites avant l’époque contemporaine.En dehors du dolmen de la Pierre-Levée, les témoins les plus anciens trouvés dans le centre remontent au Néolithique. Les premiers éléments monumentaux datent de l’époque gallo-romaine où la ville, alors appelée Limonum, était la capitale des Pictaves. Il n’est guère de fouille importante qui ne révèle des constructions de cette époque. Les vestiges de l’enceinte du IIIe siècle sont toujours visibles en plusieurs endroits. Le centre culturel abrite les éléments sauvegardés (inscriptions, objets mobiliers, statue de Minerve). Mais le nom de Poytiers (ou Poyters) n’apparaît dans les textes qu’au XIIIe siècle, chez Grégoire de Tours entre autres. Les témoins du haut Moyen Âge (hypogée des Dunes, baptistère Saint-Jean du musée mérovingien) sont certes remarquables, mais la grande époque architecturale fut la période romane. Plusieurs églises (Notre-Dame-la-Grande, Montierneuf, Saint-Porchaire, Sainte-Radegonde, Saint-Hilaire-le-Grand) en portent témoignage, sans compter de multiples vestiges. Il subsiste d’importants ouvrages d’architecture gothique religieuse (cathédrale Saint-Pierre, chœur de Montierneuf) ou civile (hôtel Fumé, tour Maubergeon, chevet de la grande salle du Palais, quelques hôtels secondaires). Les formules architecturales et décoratives de la Renaissance apparaissent dans quelques hôtels (hôtel Berthelot, hôtel Jehan Beaucé, doyenné Saint-Hilaire) et quelques maisons. La crise de la ville à partir du XVIIe siècle explique l’importance relative des créations postérieures.L’époque contemporaine est caractérisée par une expansion inattendue qui s’est faite dans toutes les directions sur les plateaux autour du promontoire, non sans que se trouvent posés de redoutables problèmes de liaison entre les nouveaux quartiers et le centre. Après la Seconde Guerre mondiale, l’urbanisation prend toute son ampleur avec la création de plusieurs cités à l’ouest et au sud de la ville. Ainsi s’opposent un vieux noyau urbain, où l’héritage médiéval est partout visible, des quartiers périphériques qui groupent l’essentiel de la population. L’effort considérable poursuivi en vue de changer «l’image de marque» défavorable de la cité porte incontestablement ses fruits, et l’on assiste à une véritable renaissance urbaine.Depuis 1965, la ville de Poitiers (80 000 hab. lors du recensement de 1990) et sept communes voisines forment le district de Poitiers, entité administrative regroupant environ 105 000 habitants. Il a compétence en matière de sécurité, d’environnement (eau, urbanisme, déchets), de transport, de développement économique. C’est à lui qu’est confiée la commercialisation des dix-sept zones d’activités économiques qui entourent la ville (la plus importante est celle de Chasseneuil, au nord, en bordure de l’autoroute A 10 et de la ligne du T.G.V.).L’activité de la ville reste, en fait, essentiellement tertiaire; centre universitaire (30 000 étudiants) et centre scolaire d’une extrême richesse (établissements spécialisés nombreux), centre administratif (chef-lieu du département de la Vienne et de la région Poitou-Charentes), centre bancaire et commercial, elle abrite un grand nombre d’employés, d’enseignants, de personnels de service de tous ordres. Le district de Poitiers concentre, dans les années 1990, plus de 81 p. 100 des actifs dans les services marchands (48 p. 100) et non marchands (33 p. 100). Les plus gros employeurs sont le centre hospitalier régional, l’université, la commune et le district. On trouve aussi de petites et moyennes entreprises spécialisées dans l’informatique, la publicité, la maintenance, les conseils.Mais à côté de ce secteur tertiaire s’est développé un important secteur secondaire (17,3 p. 100 des actifs), chose d’autant plus remarquable que le milieu passait pour peu propice à la vie industrielle. En quelques années, l’apparition de nouvelles usines, parfois héritières d’activités traditionnelles et d’autres fois entièrement nouvelles (l’imprimerie, la construction automobile, le travail des matières plastiques (Hutchinson) et du caoutchouc (Michelin), l’agroalimentaire, la mécanique de précision, la chimie fine, la parachimie, l’électrochimie), a sensiblement diversifié la gamme des fonctions urbaines.Cet élargissement des activités se traduit par une véritable fièvre de construction, dont l’aspect le plus original est sans doute la transformation des vieux groupements ruraux par l’apparition de lotissements et de pavillons isolés, dans un rayon d’une quinzaine de kilomètres: la Z.A.C. de Beaulieu réalisée dans les années 1980 traduit la tendance au développement des zones pavillonnaires.Depuis son ouverture en 1987, le Futuroscope, parc européen de l’image (à une dizaine de kilomètres au nord de la ville), associe l’enseignement et la recherche aux loisirs (l’université y a créé plusieurs établissements spécifiques et plus de cinquante entreprises s’y sont installées depuis huit ans). Le T.G.V. Atlantique met Poitiers à quatre-vingt-dix minutes de Paris et l’aéroport assure des liaisons régulières avec les grandes villes françaises. La région de Poitiers dispose de cinq sorties sur l’autoroute A 10. En outre, le téléport (système de communication performant) aménagé avec France Télécom sur le site du Futuroscope donne aux entreprises câblées le moyen de communiquer avec le monde entier par le son, l’image ou l’écrit.Ville au patrimoine historique important, Poitiers a misé sur la recherche et sur une activité économique dynamique pour assurer son développement. Mais elle a du mal à s’imposer en tant que capitale régionale face aux autres chefs-lieux de région (Angoulême, La Rochelle, Niort).Poitiersv. de France, ch.-l. du dép. de la Vienne et de la Rég. Poitou-Charentes; 82 507 hab.— Université. Cath. St-Pierre (XIIe s.). Plus. égl. romanes (XIe-XIIIe s.). Baptistère St-Jean (IVe-VIIe s.). Hypogée des Dunes (VIIe-VIIIe s.).— La ville fut le siège d'un évêché dès le IVe s. Pendant la bataille de Poitiers (escarmouche livrée entre Tours et Poitiers), Charles Martel battit les Arabes (732). En 1356 le Prince Noir y écrasa le roi de France Jean II le Bon; la ville fut cédée aux Anglais (1360), mais Du Guesclin la reprit en 1372.
Encyclopédie Universelle. 2012.